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Henri IV nomma Pierre de Monts lieutenant-général de l’Acadie, et lui accorda le privilège exclusif de la traite, mais sa bienveillance ne fit pas davantage.

Comme les frais de l’entreprise excédaient fort les moyens de M. de Monts, une compagnie de marchands fut formée. On recruta des soldats, des colons, cent vingt artisans et l’on fréta quatre vaisseaux. Plusieurs gentilshommes étaient de l’expédition et Pontgravé, le vieil ami de Champlain, commandait l’un des navires.

Champlain avait déjà exploré les Antilles et le Saint-Laurent, mais la curiosité des terres inconnues le possédait toujours et il accepta avec grand plaisir l’invitation de M. de Monts, Saintongeois comme lui.


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C’est le 7 avril 1604 que la petite flotte prit la mer et cingla vers l’Amérique. Deux mois plus tard, les pionniers côtoyaient la sauvage Acadie encore dans sa grâce printanière. Cette terre charmante, qu’un malheur unique a sacrée pour jamais, que l’histoire nous montre comme voilée d’un deuil éternel, apparut aux Français belle comme l’espérance. Ils en prirent possession avec une joie de conquérants. Mais le lieutenant-général commit la faute de choisir une petite île pour y asseoir sa colonie.