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plot au Frère Pacifique, qu’il aimait. Le bon Récollet, alors catéchiste à Trois-Rivières, fit aussitôt avertir Beauchesne.

Il y avait à peine cinquante âmes à Québec, et la poudre manquait à l’Habitation. Mais le commandant fut admirable de calme, et paya d’audace. Il assura aux sauvages, cabanés à Québec, qu’il ferait pendre les auteurs du complot. Les femmes et les enfants allaient lui demander pardon, et tous protestaient de leur attachement pour les Français.

Pendant ce temps, grandes furent sans doute les angoisses de Louis Hébert. Bien des fois il dut songer à ce que lui avaient dit ses amis de Paris.

Heureusement, le Frère Pacifique s’employa si bien auprès de Laforière, que le projet de destruction avorta. Le chef persuada aux sauvages que le massacre des Français ne serait d’aucune utilité à la nation, qu’il valait bien mieux faire la paix avec eux. Et, chargés de présents, les Algonquins-Montagnais vinrent à Québec offrir des réparations pour le meurtre commis[1].

  1. Sur l’avis du Père Le Caron, le jugement définitif des coupables fut réservé à Champlain. Quand l’affaire lui fut soumise à son retour, celui-ci décida que tout considéré « il valait mieux couler le cas à l’amiable et passer les choses doucement, les sauvages étant gens sans raison, faciles à s’estranger et fort prompts à la vengeance ».