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âmes, et sa maison était toujours ouverte aux sauvages.

Le dimanche, toute la famille descendait l’abrupt sentier de la montagne pour assister à la messe. Des chaudières pleines de braises réchauffaient l’humble petite chapelle, habillée de givre.


III


L’hiver se passa heureusement. Il y eut pourtant une vive alarme, et un incident regrettable qui remontait à deux ans faillit causer la ruine de l’œuvre de Champlain.

Les Français traitaient les sauvages avec une grande bonté, une patiente indulgence. Mais, en 1616, un matelot et Charles Pillet, serrurier de l’Habitation, s’étant pris de querelle avec deux Montagnais, les avaient chargés de coups et jetés à la porte. À l’automne, Pillet et le matelot s’en allèrent chasser sur les grèves de Saint-Joachim. Ils disparurent mystérieusement, et, en 1618, on eut la preuve que les sauvages qu’ils avaient maltraités les avaient assassinés. Ce double meurtre, dit un historien de Champlain, n’était que le sanglant prélude du massacre qui se tramait dans l’ombre. Huit cents Algonquins-Montagnais, se réunirent à Trois-Rivières, afin de surprendre les Français de Québec et de les exterminer. Un chef, qui portait un nom français, — Laforière — révéla le com-