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En attendant que sa maison[1] fut prête, Hébert, d’après une tradition de la famille, tendit sa tente sous un orme qui se dressait encore, il y a soixante-dix ans, au coin de la rue Sainte-Anne près de la Place d’Armes.

Champlain voyait avec une joie profonde s’élever cette maison. Elle lui apparaissait comme une fleur d’espérance sous le grand ciel bleu. Le jour où la famille s’y installa fut pour lui un heureux jour. Il y avait enfin un vrai foyer dans la Nouvelle-France…

Avec quel intime contentement Hébert battit le briquet et alluma le premier feu dans l’âtre ! Bien douce fut cette heure. La flamme du foyer, les mille petites voix qui bruissaient dans le bois embrasé mettaient la joie dans tous les cœurs. Au lieu de la toile des tentes trempée de rosée, on avait enfin un toit solide, le bien-être de l’abri et de la chaleur. Les meubles, apportés de Paris, reparaissaient au jour. On oubliait qu’on était en pleine barbarie, dans une forêt

  1. « La maison de Louis Hébert, disait Ferland, fut le premier bâtiment élevé sur l’emplacement de la Haute-Ville. Elle devait être située entre la rue Sainte-Famille et la rue Couillard. » On sait aujourd’hui que la maison de notre premier colon était dans la grande allée du jardin du Séminaire, près de la porte. On en a trouvé les fondations. Cette maison avait trente-huit pieds de longueur sur dix-neuf de largeur et était en pierre.