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de la terre, il faut un véritable courage. S’il en est encore ainsi aujourd’hui, qu’était-ce donc alors, quand la Nouvelle-France comptait environ cinquante âmes et n’était qu’une forêt sans bornes habitée par des peuplades féroces ? Et quelle trempe devait avoir notre premier colon pour tout sacrifier à la Nouvelle-France naissante, pour en faire sa patrie d’adoption !

Comme Champlain, Hébert comprenait qu’aussitôt, l’Habitation construite, on aurait dû se mettre à cultiver. Il savait que la terre porte l’avenir en ses flancs, que c’est dans son sol surtout qu’un pays veut être aimé et servi. Et le lendemain de son arrivée, d’un pied léger, il gravit avec Champlain, le rude sentier de la montagne, afin d’examiner les alentours.

On sait que De Monts lui avait concédé dix arpents de terre, au lieu où il s’établirait. L’endroit qu’il choisit était au-dessus de l’Habitation. À travers les bois épais, un ruisseau[1] coulait, non loin, clair et rapide, entre les mousses épaisses semées de fleurs. Cette belle eau pure dans le voisinage, c’était un avantage précieux, et le choix d’Hébert fut vite fait.

Avant tout il fallait se loger et ouvriers et maçons se mirent avec entraînement à l’ouvrage.

  1. Au commencement du siècle dernier, ce ruisseau coulait encore dans la rue « La Fabrique ».