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Les marins, comme les passagers, voyaient dans l’arrivée au port un grand miracle. Ils voulurent sans tarder remercier Dieu et, au pied des rochers géants couronnés de sapins, d’un pittoresque toujours si saisissant, les matelots aidés des charpentiers élevèrent une chapelle de verdure. Mme Hébert et ses jeunes filles ornèrent l’autel de fleurs sauvages, et le Père Huet offrit le Saint-Sacrifice en action de grâces. « Pendant que le religieux célébrait les Saints Mystères, deux hommes chassaient les moustiques avec de longs rameaux. Sans cette précaution, il eut été impossible au Père de s’acquitter de ses fonctions sacrées. » Tout l’équipage assista à la messe avec un profond respect et le capitaine fit tirer plusieurs salves[1].

Les vaisseaux, même de faible tonnage, ne remontaient pas le fleuve plus haut. Les dangers du chenal et l’insuffisance des observations exigeaient cette prudence, et l’on prit une barque à Tadoussac.

Des bandes d’oiseaux de mer s’abattaient souvent sur les belles eaux vertes du Saint-Laurent, mais pas une voile n’apparaissait. Sur la rive rien ne décelait encore le passage de l’hom-

  1. Le capitaine Morel était un vrai chrétien. Dans un voyage qu’il fit au Levant, il fut pris par les infidèles. Son refus de marcher sur la croix lui valut le martyre : il fut empalé.