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obtint son passage sur le vaisseau de la Compagnie.

Ils s’embarquèrent à Honfleur, le 14 mars 1617, Hébert avec sa femme et ses trois enfants, Guillaume, Anne et Guillemette ; Champlain avec deux missionnaires, le Père Joseph Le Caron[1] et le Père Huet.

La traversée fut affreuse et très longue. Les tempêtes et les glaces mirent souvent le petit vaisseau en extrême péril. « Après avoir été, dit Sagard, treize semaines et un jour dans l’appréhension continuelle de la mort, le 14 juin, on atteignit enfin Tadoussac, où tous les navires s’arrêtaient alors. »

  1. Entre tous les missionnaires de cette époque héroïque, c’est sans contredit l’une des plus belles et des plus sympathiques figures. Illustre par sa naissance, « il avait eu l’honneur, dit Sagard, d’enseigner au roi Louis XIII, lui-même, les premiers rudiments de la foi ». Envoyé par ses supérieurs à la mission du Canada, il se dévoua avec un zèle incroyable à la conversion des sauvages… Il fut le premier à réduire les langues sauvages aux règles de la grammaire et à composer leurs dictionnaires. Il demeura attaché à l’Église du Canada tout le temps de la première mission des Récollets ; il en fut le chef à deux reprises, et il l’était encore lorsque le Canada fut pris par les Anglais en 1629 ; puis lorsque notre pays fut rendu à la France en 1632, et que les Récollets furent empêchés par des influences plus ou moins mystérieuses d’y revenir. Il éprouva tant de chagrin de ne pouvoir reprendre ses travaux apostoliques, qu’il en mourut. Un dernier trait achèvera d’esquisser cette noble figure : le Père Joseph Le Caron a été le premier maître d’école du Canada. — L’abbé Gosselin.