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sée, et on n’épargna à Hébert ni les remontrances, ni les reproches : « N’avait-il pas perdu assez de temps et d’argent en Acadie ?… Pourquoi s’en aller au fin fond de la barbarie, achever de se ruiner ?… » On lui détaillait tous les dangers qui l’y attendaient, tout ce qui se racontait de la cruauté des sauvages… « Comment pouvait-il exposer sa femme et ses enfants à tomber aux mains de ces démons ?… L’entreprise de Québec n’aurait pas plus de succès que l’entreprise de Port-Royal… M. de Champlain était bien loin d’avoir les ressources des colonisateurs de l’Acadie… »

C’était très vrai, et Hébert le reconnaissait. Il n’était pas sans songer beaucoup à tous les dangers, à tous les obstacles. Mais le désir d’aider à fonder une Nouvelle-France le soutenait. Et ce qu’il savait de la férocité des naturels du Canada, loin de l’épouvanter, le touchait. Il avait une immense compassion de ces infortunés, et l’espoir de contribuer au salut de quelques âmes lui facilitait tous les sacrifices.


* * *


De Monts avait promis de faire concéder à Louis Hébert, dix arpents de terre à Québec ; et en faisant valoir ses connaissances médicales, les services qu’il pourrait rendre, Champlain