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lisé. Le drapeau de la France flottait sur l’Habitation au pied de la montagne.

Mais la Compagnie formée pour aider Champlain ne songeait qu’aux énormes profits du commerce des fourrures. Dans la crainte de faire fuir le gibier, ces marchands — férus du gain — ne voulaient pas laisser faire le moindre déboisement. Ils entravaient si bien Champlain, qu’en 1617 Québec n’était encore qu’un petit poste de trafiquants perdu dans l’immensité des bois.

Aucun colon n’avait pu passer en la Nouvelle-France[1]. Il n’y avait encore d’ensemencé qu’un étroit jardin autour de l’Habitation. Champlain le cultivait de ses mains. À son arrivée, en 1608, il y avait semé du blé et du seigle, et, en 1611 à son retour de France, il y avait planté des rosiers.

Avec quelle joie, l’héroïque fondateur avait vu les grains pousser, les rosiers fleurir ! Partout dans les reconnaissances son regard d’explorateur interrogeait le sol. Il aimait à dire — comme Jacques Cartier — qu’il y avait au Canada, « terre aussi bonne qu’il est possible de voir ». Mais qui ouvrirait la voie aux défricheurs ? Qui oserait attaquer l’épaisse forêt, gardée par la cupidité insatiable ?

  1. Pierre Desportes, Nicolas Pivert et Abraham Martin vivaient de traite, de chasse et de pêche.