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nues et je ne suis pas sans avoir remarqué que les vérités mal dites font un effet fâcheux. Je n’osais donc parler.

— À quoi sert de scruter les problèmes insolubles ? poursuivit-il. Le meilleur de la vie, c’est de travailler, c’est d’aimer. Si vous vouliez donc être ma femme, je vous serais un mari loyal et dévoué. Nous nous entendrions parfaitement, j’en ai l’intime, l’absolue conviction. Ce qui vous reste de votre éducation religieuse s’en irait bientôt… tout naturellement.

— Voilà ce que vous espérez, fis-je indignée, et vous dites m’aimer.

— Je vous aime, je vous aimerai toujours, jamais je ne pourrai m’en empêcher, dit-il humblement.

— Il paraît que l’amour passe tôt ou tard… et jamais très tard, lui répondis-je.

Il ne répliqua rien, mais me regarda avec une expression si triste que j’en fus touchée et je lui dis :

— Soyez-en sûr, une catholique et un protestant ne peuvent s’épouser sans préparer leur malheur. Puis, je vous l’ai dit, l’Église catholique tolère à peine les mariages mixtes… elle ne les bénit point.

— Qu’est-ce que cela vous ferait ?… Que vous importerait cette bénédiction si vous m’aimiez ? L’amour chasse tous les autres sentiments.