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Dans le monde on assure que ma résolution faiblira vite et vous-même ne me cachez pas que vous l’espérez. Vous me dites : Le jour où il ne me restera plus aucun espoir de vous avoir pour compagne de vie, il n’y aura pas sur terre d’infortuné plus à plaindre que moi.

Cette parole me revient souvent, j’en ai parfois le cœur lourd et, tout en faisant la part de l’exagération je pleurerais volontiers. Aux heures cruelles, j’ai si bien senti la force, la sincérité de votre attachement.

Mais nous, pauvres créatures, que pouvons-nous pour ceux que nous aimons ? Vous savez ce que mon père m’était. Dans l’épouvante de l’infini, devant l’océan sans bornes des siècles sans fin, que pouvais-je pour lui ? Mais on n’implore pas en vain l’amour tout-puissant. Jusque-là, qu’est-ce que Jésus-Christ avait été pour moi ? Une ombre lointaine, un faible et fugitif souvenir, un être vague, irréel… Maintenant il m’est présent, il m’est intime. Rien ne me sera difficile. Pour l’amour de Lui je soignerai gaiement mes vieux chenus et branlants.

Faut-il vous assurer que je ne vous oublierai jamais ? Je songe parfois à notre entretien dans l’allée des pins, à ce que vous m’avez dit de votre état d’âme, et je vous plains tant.