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« Ce qu’on vous a raconté vous bouleverse, vous révolte. Vous n’en pouvez, dites-vous, supporter la pensée, vous refusez d’y croire.

Il est pourtant très vrai que je me crois appelée au renoncement complet, absolu, et prochainement j’entrerai au noviciat des Petites Sœurs des Pauvres.

Je sais quelle vie m’y attend. On a exigé que j’en fisse l’essai et, comme on vous l’a dit, je vais souvent aider les Sœurs au ménage du matin, et ma future maîtresse ne m’épargne rien du dégoûtant labeur, des plus pénibles soins.

Moi qui ai tant aimé l’indépendance, le plaisir, le raffinement et la beauté des choses, comment en suis-je là ?… Comment ai-je pu amener ma mère à ce sanglant sacrifice ?… Comment puis-je soutenir la vue de sa douleur, de ses larmes qui ne tarissent point ? N’est-ce pas parce que je réponds à l’appel de Celui qui a voulu, pour nous, mourir sur la croix ?

Vous croyez à un excès de tristesse, vous croyez que j’ai trop creusé la pensée de la mort.