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— La mort de M. Durville m’a fait une impression terrible. C’est sûr. Mais me croiras-tu ? C’est une parole de M. Osborne qui m’a éclairée, qui m’a remuée dans les profondeurs de la conscience.

Elle me regarda de l’air d’une personne qui croit rêver, et je lui racontai tout.

— Catholique de nom ! répéta-t-elle. Comment as-tu pu tant t’émouvoir pour si peu ?… C’est un propos d’amoureux déçu, blessé.

— Non, lui dis-je, c’est la parole très juste d’un homme sérieux, d’un homme sincère.

— Voyons, n’extravague pas. Tu es catholique comme nous le sommes tous, comme les autres le sont. La société nous façonne, nous forme à prendre la vie par les côtés faciles et brillants.

— Oui — et que devient l’esprit chrétien ? Songe un peu. Est-ce que nous ne tenons pas les richesses, les honneurs, les plaisirs pour les véritables biens ?… Quelle est notre vie intérieure, surnaturelle ? Qu’il s’agisse de devoirs d’état, de société, de religion, à quel signe discerne-t-on la catholique de la protestante ?… Aimons-nous moins le confort, la toilette, le luxe, le faste, les plaisirs, le théâtre, toutes les jouissances ?… Passons-nous moins de temps à parler de choses vaines ?… Lisons-nous moins de romans ?… Oublions-nous plus vite les offenses, les blessures d’amour-propre ?…