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17 juillet.

J’aurais préféré ne pas aller au bal, je me suis laissé coiffer et habiller sans me regarder. Y avait-il de l’affectation en cela ? Il me semble que non. Mais la vanité a la vie dure. Me sentir admirée m’a été délicieux et le plaisir de la danse m’a encore un peu grisée. Mais je ne sais comment tout le sérieux de la vie a soudain pesé sur moi. Je n’ai plus voulu danser.

— Je voudrais lire dans votre âme, m’a dit M. Osborne, dont j’avais surpris plusieurs fois le regard attentif.

— Vous y verriez d’étranges contradictions, lui ai-je répondu, mais croyez-moi, je n’ai plus l’âme légère qu’il faut porter au bal. Je ne l’aurai jamais plus.

— En êtes-vous bien sûre ? a-t-il répliqué avec un sourire.

Il est trop homme du monde pour laisser voir ses impressions, rien chez lui ne trahissait une arrière-pensée. Mais je sentais l’invisible. Un je ne sais quoi impossible à exprimer m’avertissait qu’intérieurement il revivait l’heure de notre promenade dans l’allée des pins et j’en éprouvais du malaise. Le réveil de ma foi n’a guère servi qu’à me faire sentir la morsure continuelle de la conscience.

Comme j’allais partir, M. Osborne me rejoignit et pendant que j’arrangeais ma sortie de bal il me dit bien bas :