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Ah ! ce culte du moi. Si l’on pouvait faire l’analyse de mes pensées, de mes sentiments, quel résidu aurait-on ?

Dans le désir criminel de plaire trop, dans la secrète complaisance qu’on y prend, qu’est-ce que Dieu voit ?

Humbles travailleuses, aux visages flétris, pauvres jeunes filles qui peinez tout le jour pour nourrir votre vieille mère, pour donner du pain à vos petits frères et à vos petites sœurs, vous reposez les regards du Dieu de sainteté. Aux yeux de Celui qui a fait la lumière si belle, vous êtes les nobles fleurs, la parure de ce monde.


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9 juillet.

La foi n’est rien, si elle ne pénètre la vie entière. La religion doit être l’âme de l’existence. Qu’est-ce que les habitudinaires, les pratiquants de la routine et du respect humain ?… J’ai l’horreur de la petite cour intéressée qu’on fait à Dieu. Mais le plus vif de mes sentiments religieux, c’est la crainte. Souvent je lis quelques lignes de Pascal. J’aime la force opprimante de sa parole. Il a des pensées qui s’emparent pour jamais de l’esprit, « le petit cachot où l’homme se trouve logé, j’entends l’univers… »


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