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causèrent en toute liberté. Il y avait bien des malheurs à raconter en ces jours tragiques, mais, dans les détails que Le Gardeur donna sur les événements, une chose fut douce à Jean.

Sa paroisse natale n’avait pas été incendiée, comme les autres paroisses de la rive sud. Un détachement anglais y était cantonné, et on n’avait brûlé qu’une dizaine de maisons.

Mais l’ennemi s’était retranché dans l’église et les officiers habitaient le manoir. Le Gardeur avait trouvé sa mère, sa femme et ses petits enfants réfugiés au moulin. On y était bien à l’étroit, et il avait fallu recevoir leur petite cousine, Guillemette.

— Mademoiselle de Muy est à Saint-Antoine, s’écria Jean, surpris.

— Oui, son père, qui a suivi les troupes à Montréal, n’a pas voulu la laisser seule, sans protection à Québec. Il l’a fait conduire chez