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sur son lit d’hôpital, Le Gardeur avait rudement peiné pour ensemencer quelques arpents de son domaine.

En ce temps d’atroce pénurie, manger tous les jours était un sérieux problème. La situation était si grave, si difficile que, malgré la faible distance de Saint-Antoine à Québec, Le Gardeur n’avait pas revu son frère depuis qu’il l’avait laissé mourant à l’Hôpital Général.

Mais le jour même que Jean, triomphant de sa faiblesse, se rendait chez le colonel d’Autrée, Le Gardeur de Tilly, libre pour quelques heures, traversait le fleuve en canot.

À son retour à l’Hôpital, Jean l’aperçut qui venait au-devant de lui. Il se jeta à son cou avec élan. Le Gardeur l’étreignit fortement, puis, l’éloignant un peu :

— C’est bien vrai, tu vis, mon petit Jean, dit-il, le regardant de ses yeux mouillés, le