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sait ses jours. La brise le berçait, se jouait dans ses cheveux. La belle lumière de vie — si douce aux mourants ressuscités — l’enveloppait, le pénétrait. Il en ressentait la vertu bienfaisante. Sa pâleur terreuse s’éclaircissait : il put bientôt faire quelques pas. Mais sa joie de vivre était bien diminuée, bien flétrie.

Pour tous ceux qui l’approchaient, le souci du pain quotidien restait un problème angoissant. Quatre années de guerre avaient fait négliger l’agriculture. Pendant que les hommes étaient à l’armée pour garder le Canada à la France, les vieillards, les femmes, les enfants avaient courageusement cultivé la terre ; mais les infâmes coquins qui spéculaient sur la souffrance publique avaient fait enlever les grains et les bestiaux. La détresse était extrême, la noire misère, générale.

Un soldat doit savoir affronter les priva-