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tra sur une planche… me laissera glisser dans l’océan : « Va, petite Française »…

Elle se voyait, enveloppée de varech, roulée et battue par les vagues comme une herbe de mer, et poussait des cris déchirants.

La fièvre tomba bientôt, mais Thérèse resta très faible. Étendue sur son lit, seule avec sa mère, qui ne la quittait pas, elle lui dit, abaissant son visage mouillé de larmes jusqu’au sien :

— Mère chérie, pardonnez-moi, le quitter me tuera… Il faut me laisser ici. Je vous aime, vous le savez, mais, lui, c’est ma vie… c’est mon âme…

Comme sa mère pleurait doucement, sans rien dire, elle poursuivit :

— Si vous saviez ce que j’ai souffert !… Dans le jour, je pouvais retenir mes larmes, mais, quand j’étais dans mon lit, les larmes se mettaient à couler… Quand je me levais,