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l’avenir l’inquiète. Il voudrait que je n’eusse pas trop à souffrir.

— C’est à lui de vous diriger. Il a l’expérience de la vie, la maturité du jugement.

— Il a aussi les faiblesses de la tendresse paternelle. J’appartiens à l’une des plus anciennes familles de la colonie… Cela oblige. Quoiqu’il en coûte, je dois rester Française.

— Alors, Mademoiselle, vous allez passer en France ?

— Non, Monsieur, il faut rester ici… continuer notre vie de misère et d’honneur.

— Ici, mais qu’espérez-vous donc ?

— Vous me le demandez, Monsieur. Eh bien ! ce que j’espère ? J’espère que sur la terre canadienne la semence française vivra.

Ses yeux, d’ordinaire très doux, rayonnaient de fierté. Le lieutenant, l’air sombre, la regarda avec un étonnement profond.