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Tout votre avenir est en jeu, ma fille. Pensez-y : il est cruel, l’âpre souci du pain quotidien.

Il s’éloigna, soucieux, mécontent. Guillemette se mit à trier les herbes qu’elle avait cueillies dans le jardin :

— Non, non, ce serait affreux ! Pauvre père, se disait-elle, l’avenir l’épouvante. Il voit la noire pauvreté me suivre jusqu’au tombeau. La pensée qu’il ne tient qu’à moi d’être riche trouble son jugement, lui fait voir tout en beau… Puis, il ne sait pas, il n’a rien deviné… Cet entretien avec Monsieur de Laycraft va m’être bien difficile, bien pénible… nous lui devons tant. Sans lui, nous serions encore tassés au moulin… Comme les autres, nous aurions eu à subir bien des vexations, bien des ennuis… Il m’aime, cet Anglais, c’est évident. C’est donc que j’ai quelques petits charmes… Ah ! si Jean m’aimait, lui !… si je lisais l’amour