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— L’homme n’a que des rêves, murmura-t-il, se répétant la parole de Lévis. Mais, à cette amère pensée, un lointain souvenir de sa mère se mêla.

Il la revit, jeune, rieuse, regardant de floconneuses graines que le vent emportait :

— Regarde, mon petit Jean, lui avait-elle dit, en l’enlevant dans ses bras, regarde ces graines ailées ; le vent va les prendre et les porter où Dieu veut voir un peuplier. Ces petites graines, elles renferment des arbres, beaucoup de grands arbres, des forêts peut-êtres.

Ces mots avaient fait travailler son cerveau d’enfant. Il s’en souvenait bien, et, comme au temps où sa mère lui apprenait ses prières, Jean de Tilly joignit les mains, récita le Pater et l’Ave et s’endormit.