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L’OUBLIÉ

terre qui les reçoit, répliqua tranquillement Maisonneuve. Voyez-vous, il faudrait savoir donner ses sueurs comme on donne son sang. Nul de nous n’est ici pour faire fortune.

— Non, Dieu merci ! dit vivement Brigeac, relevant sa tête brune. Ce n’est pas la cupidité qui nous a amenés à Montréal. Nous autres, nous ne courons ni après l’or, ni après les belles fourrures.

— Ah ! s’il ne fallait que du désintéressement, s’écria Maisonneuve ; mais il nous faudra une constance bien obstinée. Les premiers pas de la civilisation sont ici prodigieusement difficiles. Je le crains, il s’écoulera encore bien du temps avant que nous ayons un peu de repos, un peu de sécurité.

Brigeac le regarda longuement sans rien dire.

Séduit par la beauté de l’entreprise, il avait beaucoup sacrifié pour venir partager les labeurs et les dangers des colons de Ville-Marie. Nouvellement arrivé, il