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L’OUBLIÉ

chante enfant, agenouillée près de lui sur la pierre du foyer.

« Et vous, commandant, demanda Mlle  Moyen, s’enhardissant tout à coup, vous qui prenez sur vous tant de fatigues, tant de périls, ne trouvez-vous pas votre vie bien terrible ?

— Moi, mademoiselle, c’est bien différent : j’ai l’excitation du danger… puis j’ai choisi cette vie… et je n’ai plus seize ans, ajouta-t-il, riant. Quand on avance sur le chemin, la vie n’apparaît plus guère que comme un devoir et l’on marche facilement au sacrifice.

Mlle  Moyen pencha la tête sans rien dire. Ses longs cheveux soigneusement nattés pendaient sur son dos, et l’une des lourdes tresses, glissant sur la jupe noire, roula sur le foyer.

Le major se pencha et avança la main ; mais comme si une crainte l’eût saisi, il ne releva pas ces beaux cheveux d’or qui traînaient dans la cendre ; et, prenant ses gants de loutre sur la tablette de pierre, il appela son chien et se leva pour partir.