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L’OUBLIÉ

Ces nids de soldats si chétifs devant la majesté des solitudes avaient à ses yeux une grandeur, une beauté sacrée. C’étaient les assises de l’œuvre à laquelle il avait tout immolé, les commencements de cette puissante ville qu’il était venu fonder, au milieu de tant de périls, en l’honneur de la Vierge.

La chaleur avait été accablante, mais un vent frais s’était levé. Ce vent qui faisait chanter la forêt verte, faisait, aux alentours du fort, onduler les blés, lesquels avaient poussé admirablement.

« Pourvu que ces diables d’Iroquois ne réussissent pas à brûler nos récoltes, dit tout à coup Maisonneuve : rien n’abat des hommes comme d’être ainsi atteints dans leur travail. »

Le secrétaire, en train de fourbir ses armes, avait planté sur le rebord de la fenêtre un poignard couvert de taches roussâtres, et frottait vigoureusement. Il répondit sans relever la tête :

« Mais, monsieur, ce n’est pas étonnant.