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L’OUBLIÉ

Portes et fenêtres étaient closes ; mais la flamme de l’âtre brillait à l’intérieur et la fumée de ces rudes foyers montait belle et douce dans l’absolue pureté de l’atmosphère.

Le major donnait la main à la jeune fille et marchait silencieux, attentif. Des rumeurs vagues, profondes, d’âpres et sauvages senteurs leur arrivaient de la forêt.

Élisabeth ne sentait plus sa lassitude.

Il lui semblait que l’herbe l’aurait portée… il lui semblait qu’elle aurait marché sans crainte, sans fatigue, jusqu’au bout du monde, à côté de ce compagnon dont elle osait à peine regarder l’ombre, sur le bord du chemin.

Une joie étrange l’envahissait, la pénétrait, et comme pour exprimer cette joie divine qui débordait en larmes silencieuses, la voix du rossignol s’éleva tout à coup sous l’épaisse feuillée.

Ils avaient gravi le coteau ; ils étaient devant la palissade. Lambert Closse poussa la barrière ; ils traversèrent l’enclos, et le