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L’OUBLIÉ

la salle et regardaient muets, consternés.

Averti que le major était gravement blessé, Maisonneuve accourait bouleversé, tremblant, mais espérant encore. Il aimait son héroïque compagnon de luttes et de misères… Il en était presque venu à le croire invulnérable ; et lorsqu’il l’aperçut le front sanglant, pour toujours immobile, silencieux, un profond sanglot déchira sa poitrine, et se jetant sur le corps déjà glacé, il l’étreignit et pleura comme un enfant. Ceux qui l’entouraient pleuraient aussi : et, comme pour consoler leur chef, ils répétaient :

— Il est mort pour Dieu et pour ses frères — c’était la fin qu’il souhaitait.

— Oui : et Dieu seul peut reconnaître ce que nous lui devons, dit Maisonneuve, commandant à sa douleur et relevant la tête. Vous le savez, c’est lui surtout qui a porté le poids de la lutte… Il a été le défenseur de Ville-Marie, et jamais homme n’eut plus de grandeur d’âme, de noblesse et de courage.