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L’OUBLIÉ

trant cette fois encore sans blessures, il lui semblait qu’une main invisible lui remettait sous les yeux un tableau de Jésus portant sa croix, bien des fois regardé à l’hôpital pendant qu’elle veillait les blessés.

Elle revoyait la face résignée du Sauveur, et sur son épaule sacrée qui pliait, la lourde, l’horrible croix… C’était comme une apparition douloureuse, fugitive, mais apaisante, fortifiante.

Elle, pauvre et faible créature, pourrait-elle marcher toujours dans la voie douloureuse… ne plus le voir… ne plus l’entendre jamais… Était-ce pour la préparer qu’il lui avait dit le soir du jour de l’an… Si je suis tué… ses paroles lui revenaient avec une pénétrante saveur d’adieu.

Cependant les heures s’écoulaient. Il y avait longtemps que l’Angelus était sonné à l’hôpital. Combien de temps encore la laisserait-on sans nouvelles ? Ah ! qu’elle se sentait abandonnée…