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L’OUBLIÉ

En rouvrant les yeux, elle n’avait plus aperçu que la neige éclatante, et à travers les hurlements féroces et le bruit de la fusillade, elle avait entendu les cris de son enfant.


La petite s’était endormie. Sa mère l’avait couchée dans son berceau et s’était mise en prière. Elle aurait voulu s’y absorber, mais chaque coup de feu la secouait et elle sentait comme un couteau qu’on lui enfonçait dans le cœur.

Oh ! cette poignante souffrance de l’inquiétude à son comble, que de fois Élisabeth l’avait éprouvée !

Se rappelant tous les dangers auxquels son mari avait échappé, elle se reprochait de trop craindre, de ne pas assez espérer.

Comme elle conjurait Dieu d’avoir pitié — de pardonner à la faiblesse de sa foi… Elle aurait voulu élever jusqu’au ciel une tempête de supplications… Et lorsqu’elle essayait de se reprendre au bonheur, à l’espérance — de se figurer son mari ren-