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L’OUBLIÉ

À Montréal, on l’apprit avec des sentiments inexprimables. Un solennel Te Deum suivit le service funèbre célébré dans cette chapelle de l’hôpital où l’on avait vu les jeunes héros, à genoux autour du cercueil de leurs frères d’armes, assistant pour ainsi dire à leurs propres funérailles.

Partout, dans la Nouvelle-France, on bénit ceux qui s’étaient sacrifiés pour la patrie.

Une juste fierté se mêlait à la douleur des parents, et leurs larmes auraient coulé douces ; mais, — horrible pensée, — l’un de ces généreux enfants, dont les blessures n’étaient pas mortelles, avait été soigneusement pansé par les Iroquois qui l’avaient emmené pour le torturer savamment et à loisir.[1]

Si ces forcenés n’espéraient plus anéantir la Nouvelle-France, ils n’en poursui-

  1. On ne sut point son nom : mais on apprit plus tard que tous les tourments que la cruauté peut inventer ne purent lui arracher ni un cri, ni une plainte.