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L’OUBLIÉ

Le saint sacrifice commença au milieu du plus profond silence.

Tous les colons étaient là. Penchés sur leurs bancs, plusieurs cachaient leurs visages dans leurs mains calleuses. À Dieu seul, ils voulaient montrer leurs larmes. Mais quand ceux qui allaient partir s’avancèrent vers la table sainte, tous les fronts se relevèrent, tous les regards les suivirent.

Le prêtre, tenant le pain de l’éternelle vie, descendit les degrés de l’autel, et s’approcha de la balustrade où les partants étaient agenouillés. Alors la voix de Daulac s’éleva douce, assurée. Avec un accent qui fit frémir les plus fermes cœurs, le jeune commandant jura de combattre jusqu’à la mort — de ne jamais demander de quartier. Il jura par les souffrances du Christ, par son sang répandu jusqu’à la dernière goutte : et, à l’exception d’un seul qui se sentit faiblir et se retira, les seize autres firent le même serment. Puis, ils reçurent la sainte communion que le prêtre