Lambert Closse la vit grandir avec plaisir ; mais personne ne pouvant le remplacer auprès de la petite garnison, il devait continuer de demeurer au fort après son mariage.
Les tragiques événements qui l’avaient rendue orpheline revenaient encore fréquemment à la pensée d’Élisabeth ; et, en son âme passionnément tendre, ces funèbres souvenirs tempéraient l’excès du bonheur. Durant ces jours délicieux des fiançailles, que de fois elle se reporta à son arrivée à Ville-Marie. Cette heure divine où l’amour était entré inconnu dans son cœur, il lui semblait qu’elle allait durer toujours. Si terriblement qu’elle eût souffert, elle était trop jeune encore pour ressentir l’angoisse du bonheur. Aucune crainte ne venait l’agiter ; elle croyait naïvement à la paix conclue, et son fiancé se gardait bien de porter la moindre atteinte à ses illusions.
Il souffrait beaucoup de ne pouvoir lui faire une vie douce. Un jour qu’il lui ex-