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L’OUBLIÉ

Je suis bien humilié, et pourtant je me sens si heureux, ajouta-t-il, avec une confusion charmante. Voyons, voulez-vous transmettre à Mlle Moyen ma demande ?

— De tout mon cœur, répondit Mlle Mance, qui avait deviné depuis longtemps l’amour d’Élisabeth.

— Mais il faudra lui dire que jamais je ne quitterai Montréal. Je ne le pourrais sans me mépriser moi-même… Et je n’ai d’autre bien qu’un fief en bois debout… En m’acceptant pour mari, c’est donc une vie de privations, d’alarmes et de périls que Mlle Moyen acceptera… Cette paix n’est qu’un leurre. Pour avoir la paix, il faudrait aller attaquer les Iroquois dans leur pays, et malheureusement c’est impossible. Québec même n’a qu’une garnison insuffisante.

Malgré les tristes prévisions du major, Mlle Mance jubilait. Ce mariage lui semblait un coup de la Providence, l’une de ces unions privilégiées écrites au ciel ; et c’est le cœur débordant de joie qu’elle