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L’OUBLIÉ

L’amour avait triomphé des partis pris surnaturels, héroïques. Il se sentait enivré et confus. Un charme inconnu l’enlevait à l’âpre réalité, aux obligations austères ; sa jeunesse était revenue ardente, entière. Comme au printemps, tout chantait, tout s’illuminait ; et, par delà le présent sur cette terre douce et sacrée de Ville-Marie, il apercevait, comme en un rêve, son foyer où Élisabeth l’attendait, inquiète, passionnément aimante.

Le lendemain, de bonne heure, il se présenta chez Mlle  Mance.

— Je vais bien vous étonner, lui dit-il.

— Moi ! qu’y a-t-il donc ? demanda l’héroïne, cherchant à lire sur son visage. Est-ce une mauvaise nouvelle ?

— Vous en jugerez, répondit le major qui se sentit rougir.

Il avait l’air calme : mais sous ce calme apparent, on sentait une agitation profonde ; et, l’instinct féminin aidant, cette rougeur sur sa joue mâle mit Mlle  Mance sur la voie.