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AUX CANADIENNES

de. C’est la femme qui fait les usages. Si vous le vouliez, bientôt il serait de bon ton, de bon goût de ne pas offrir de liqueurs enivrantes.

Ah ! Mesdames, quel service vous rendriez à la patrie, quelles bénédictions vous feriez descendre sur vos familles en reléguant parmi les vieilleries surannées, des coutumes nées de l’ignorance et qui nous ont fait tant de mal !

L’ivrogne le plus abruti n’a été d’abord qu’un imprudent buveur. D’ordinaire on s’alcoolise sans le savoir, sans le vouloir, par l’entraînement, par l’influence du milieu. On boit parce qu’on voit boire… pour faire comme les autres… parce qu’on croit que cela fera du bien… et insensiblement le poison pénètre et ravage l’organisme et y crée ce besoin morbide qui fait tant de malheureux, tant de criminels.

La femme de l’un de nos gouverneurs ne voulait pas de liqueurs enivrantes à ses réceptions. À quelqu’un qui s’en étonnait, elle répondit : « Je ne sers pas de poison à mes hôtes ».

Plût à Dieu que les Canadiennes fussent aussi éclairées. Malheureusement le préjugé les do-