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L'OBSCURE SOUFFRANCE

peu plus, et je croirais que toutes mes fautes viennent de mes peines. Si j’étais heureuse il me semble que je serais si facilement bonne. Et pour supporter de belles et grandes infortunes, je crois bien que je trouverais du courage. Mais cette accumulation de chétives et avilissantes épreuves me laisse sans ressort.


20 décembre.



Je n’ouvre plus mon cahier, mais je pleure souvent de chagrin, de dégoût, de honte. Oh ! l’inutilité des efforts, l’impuissance de la volonté.

Comment supporter l’abjecte réalité ? Comment surmonter l’écœurement ? Et ces souvenirs qui restent en mon cœur comme des plaies…

Je me sens détrempée de tristesse, accablée, lasse parfois à croire que je ne pourrai plus faire un pas. J’ai l’âme pleine d’abominables pensées. Je n’ose sonder l’infâme misère de mon cœur, car je désire sa mort.

Puisque je ne puis le changer, pourquoi rester ici ? Ma pauvre mère avait-elle le droit d’exi-