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L'OBSCURE SOUFFRANCE

L’Église venait de les unir, de les bénir, et peut-être que la rude vie qui les attendait s’illuminait souvent d’un rayon d’allégresse.

Eux ne s’inquiétaient pas de ce qui leur manquait. Ils prenaient tout simplement la vie comme un jour de travail. Et ils s’emparaient du sol, ils le défrichaient, ils le civilisaient. Ils y faisaient de la vie, ils nous conquéraient une patrie.


30 novembre.



Ces derniers jours ont été affreusement pénibles. Je ne sais plus maîtriser mes dégoûts et, pour retrouver un peu de force, je songe beaucoup à ma pauvre mère, aux reproches qu’elle s’adressait, à tout ce qu’elle m’a dit sur son lit d’agonie.

Des morts, ce qu’on oublie le plus vite, paraît-il, c’est le son de la voix. Dix années se sont écoulées et j’entends encore ma mère mourante : « Mon épreuve s’achève. La mort est bien proche. Crois-moi, Faustine, rien n’est terrible en ce monde… Tout passe si vite… Les peines n’ont pas plus de réalité