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L'OBSCURE SOUFFRANCE

Je voudrais pouvoir parler à tous ceux qui souffrent. Je leur dirais : Ne l’oublions point, parmi ces saints innombrables que l’Église honore en ce jour, il y en a dont le sang coule dans nos veines… Il y en a — ô délicieuse pensée ! — que nous avons personnellement connus, personnellement aimés. Durant leur séjour ici-bas, peut-être ces bienheureux ont-ils ressenti pour nous une sympathie profonde. Peut-être ont-ils emporté la lumière et la joie de notre vie. Peut-être, par nos larmes, nos suffrages, avons-nous hâté leur entrée au ciel… Nous y ont-ils oubliés ? Ces torrents de volupté qui les inondent ont-ils altéré leur amour pour nous ? Le pouvons-nous croire ? Pouvons-nous douter de leur ineffable compassion, de leur incessante prière pour nous, malheureux, qui cheminons encore dans la vallée d’épreuves ? Et, en ce jour béni, en cette glorieuse fête qui sera un jour la nôtre — il faut l’espérer fermement — ne saurions-nous nous élever un peu au-dessus des misères de la terre ?