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L'OBSCURE SOUFFRANCE

dance de vie qui m’accable. Chez les jeunes, d’ordinaire, cette sève ardente s’épanche en espoirs infinis, en mille songes charmants d’amour et de bonheur. Mais pour moi, c’est différent. Tout fermente au dedans ou se répand en flots de tristesse et de larmes.

Cette faiblesse m’humilie.


13 mai.



Sans doute, on ne doit pas souhaiter une jeunesse toujours heureuse, pas plus qu’un printemps toujours serein. Que deviendrions-nous, mon Dieu ! si les jours de pluie ne se mêlaient aux jours de soleil ? Tout périrait, tout se pétrifierait ou s’en irait en poussière. Et, dans l’ordre spirituel, ne serions-nous pas encore plus à plaindre si tout nous venait à souhait ? Comme le cœur s’enracinerait au plus épais de la terre ! Quelle furie de vivre ! Quel désespoir aux approches de la mort !

Ces idées me restent d’une maladie que je fis l’an passé. Je me souviens de l’horreur qui