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L’obscure souffrance


« Il n’importe pas qu’il soit large le sillon que nous devons tracer, pourvu que nous l’arrosions de nos sueurs, quelquefois de nos larmes, et même de notre sang, si le devoir l’exige. »


12 mai 18…



Quel étrange mois de mai ! Toujours de la pluie mêlée de neige ou une brume presque aussi froide, presque aussi triste. Cela m’affecte plus que de raison. Dans ce printemps sans éclat, sans verdure, sans poésie, sans vie, je vois si bien l’image de ma jeunesse.

Pauvre jeunesse ! Rien n’est triste comme le printemps, quand il ressemble si fort à l’automne. D’un jour à l’autre, je le sens plus douloureusement ; d’un jour à l’autre, j’ai moins de courage.

L’abattement n’allège rien. Il faut réagir contre l’ennui qui m’accable. Je le comprends et à défaut de conversations agréables, de