Page:Conan - L'obscure souffrance (suivi de Aux Canadiennes), 1919.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
L'OBSCURE SOUFFRANCE

29 mai.



J’ouvre ma fenêtre dès le matin. J’aime ce soleil éclatant, cet air tiède, chargé des senteurs nouvelles, et je voudrais n’avoir rien à faire qu’à regarder verdir, qu’à regarder fleurir, qu’à écouter ces bruits agrestes et charmants.


2 juin.



L’humeur noire que j’avais dans le cœur s’en va. À vrai dire ma tristesse n’est plus qu’une brume légère, transpercée de soleil. J’ai bien les mêmes ennuis, mais au dehors tout est si vivant, si beau, si lumineux, que le froid et le terne du dedans s’oublient et l’on trouve du plaisir à se sentir vivre.


4 juin.



Je suis avec charme le travail du printemps. Qu’est-ce que la sève ? Merveilleuse ouvrière, celle-là ! Si invisible et silencieuse, mais si vive, si active ! Elle a déjà paré la terre, ressuscité les arbres. Les branches dépouil-