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réverbères y apportaient une odeur d’huile qui ajoutait à la fétidité de l’air.

La robuste santé du P. Mathieu en souffrait, mais il n’abrégeait point les longues séances dont tant de misérables avaient besoin. Jamais prêtre n’eut un cœur plus débordant de miséricorde, mais sa direction n’avait rien de faible : « Quand on commence avec lui, disait-on, plus on est mauvais, plus il nous aime et nous ménage, mais si on ne s’améliore, il devient de plus en plus sévère, et c’est terrible. »

La misérable chapelle des capucins s’était vite transformée. Les aumônes affluaient de tous côtés, et permettaient au P. Mathieu de soulager bien des misères. Sa charité était profonde, inépuisable. Personne ne savait comme lui découvrir les pauvres honteux et pour eux, il avait d’adorables délicatesses. Par exemple, un inconnu se présentait le soir à la porte, remettant une lettre contenant de l’argent et s’éloignait. Quelqu’un qu’il employait souvent dans ces occasions, disait :

« Voici ce que je pense du P. Ma-