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dant leur tour : les uns sobres et repentants, les autres à la démarche chancelante, n’osant se risquer à parler, de peur d’être trahis par leur haleine ; de pauvres femmes moins silencieuses, s’efforçant par tous les moyens de les retenir. »

L’un de ces misérables ivrognes — géant aux yeux injectés de sang, aux habits en désordre — s’y débattait un jour, sous l’étreinte de sa femme. Tout frémissant de rage, il hurlait : « Lache-moi… Je ne veux pas du pledge »…

Il s’élançait vers la porte, quand le Père parut. Barrant le passage à l’ivrogne : « Soyez le bienvenu, mon cher ami, lui dit-il de sa voix charmeresse, je suis heureux de vous voir. Quel bien vous allez faire à votre famille ! Dieu va bénir votre travail. Pauvreté n’est pas vice : c’est le péché seul qui nous dégrade. Allons, mettez-vous à genoux, et redites après moi les mots du « pledge, » puis je vous marquerai au front du signe de la croix, et que Dieu vous préserve de la tentation. »

Sous la pression de cette main bé-