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ÉLISABETH SETON

vages dont, la terre ici est couverte dès que le printemps a paru ; le bon ensemble de notre maison, qui est très confortable, très vaste ; tout au bout, à l’extrémité d’une des ailes, notre chère, chère chapelle, si soignée, si tranquille ; — là, dans ce tabernacle, habite, comme nous le croyons, vous savez bien qui ! — Et tout ceci n’est pas un songe. Il faut que vous-même en soyez témoin, pour comprendre comment, depuis le premier jusqu’au dernier jour de la semaine, tout est harmonie, tout est tranquillité ; toutes et chacune s’encourageant et se venant en aide l’une à l’autre. Il faut vraiment le voir pour le croire. Le monde entier n’aurait pu me persuader que cela fut possible, si moi-même je ne l’avais vu. Aussi, il vous est permis d’être incrédule ; mais venez seulement, et voyez ! »


C’est M. Flaget, évêque nommé de Bardstown, qui apporta à la communauté d’Emmettsburg la copie demandée des constitutions données par saint Vincent de Paul aux Filles de la Charité. Après quelques modifications jugées nécessaires en pays protestant, cette règle fut acceptée, et il s’ensuivit une grave difficulté pour Élisabeth, car elle la jugeait incompatible avec ses devoirs envers ses enfants. Le monde entier, disait-elle, ne me ferait pas croire qu’un tuteur peut remplacer une mère. Si elle eût été moins abandonnée à la volonté de Dieu, son angoisse aurait été cruelle. Elle écrivait à son amie, Mme Sadler :


« Je songe à me préparer pour recommencer de vivre dans le monde. Quoiqu’il arrive, nous serons toujours sous la protection du Très-Haut, du Très-Puissant. Vraiment, je serais heureuse, si je pouvais inspirer à votre chère âme autant d’indifférence qu’il s’en trouve dans la mienne, du moment où je sais que pendant le peu de jours que dure ce pèlerinage terrestre, l’adorable volonté de Dieu s’accomplit en moi. Je le fais, ce pèlerinage, au milieu de tant de