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ÉLISABETH SETON

le moment qui brisera mes liens et qui me verra entrer dans mon repos. Taillez, crucifiez ce corps de péché, qu’il subisse en ce monde la peine qui lui est due, mais après, épargnez-moi, ô mon Jésus. À l’heure de la mort, assistez-moi, recevez-moi. »

Cécilia languit jusqu’au mois d’avril. Elle s’éteignit sans lutte, sans souffrances, en serrant son crucifix et en souriant, à Élisabeth.


XXII


La mort d’Harriet et de Cécilia faisait un vide affreux, à jamais irréparable dans la vie d’Élisabeth. Mais sa douleur ne nuisit en rien à son activité. Elle sut s’oublier ; et, dans sa correspondance d’alors, il n’y a point trace d’un attendrissement, d’un retour sur elle-même. Sa foi la soutenait, elle répondait à une amie protestante :


« Ma très chère Harriet, mon ange Cécilia, reposent dans le bois, tout à côté de moi. Les enfants et plusieurs de nos bonnes sœurs, qu’elles aimaient si tendrement, font croître des fleurs sur leurs tombes. Le petit enclos qui les renferme est l’endroit qui m’est le plus cher au monde. Je suis loin d’être privée d’elles autant que vous le pensez, car il me semble que je les ai toujours près de moi. Au reste, la séparation ne sera pas longue. »


De grands secours lui étaient venus de ses amis de Livourne ; et son œuvre, bénie de Dieu et des hommes, prospérait au-delà de ce qu’elle eût jamais osé espérer. Elle écrivait au mois de mai :


« Nous avons eu la maladie sans trêve dans notre maison pendant tout l’hiver ; et j’ai été obligée de faire bien des frais et de marcher à travers toutes sortes de