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ÉLISABETH SETON

gneur que Mme  Seton avait apporté de New-York et avec cela deux petits chandeliers d’argent. On avait mis alentour quelques lauriers sauvages ; et dans des vases tout unis, les plus simples du monde, des touffes de fleurs et d’herbe des bois. » Dès le lendemain, 22 février, les Sœurs ouvrirent leur école, qui fut tout de suite très fréquentée. Cécilia ne quittait plus son lit. Elle n’avait point d’illusion, et rendant compte de l’état de son âme, elle écrivait :


« On me dit que je vais me rétablir ; mais moi je pense que le reste de mon exil sera très court. Dieu soit béni ! Et ; cependant, quelle chose étrange ! je suis triste et abattue, je soupire après le moment où cette enveloppe mortelle, étant brisée, mon âme ira reposer dans le sein de son Dieu ; en même temps, je redoute le moment qui s’approche… Comment en est-il ainsi ? C’est que je pense au jugement qui suivra la mort. Les saints eux-mêmes y pensaient en tremblant : moi donc, que ferai-je ? Ils se confiaient en la miséricorde de Dieu. Ah ! si je n’avais cette confiance que m’inspire mon Jésus, que deviendrais-je ? Je ne vois souvent devant moi que ténèbres et tristesse ; mais c’est alors que l’âme s’attache étroitement à son adoré Seigneur, étroitement, plus que jamais ! »


1er  mars.

« Le mois de février est passé, et ma pauvre machine ébranlée est encore debout ; mais je sens d’un cœur joyeux, — d’où ce changement peut-il venir ? — je sens que je m’affaiblis tous les jours, et je suis heureuse en pensant que quelques semaines mettront fin à tout. Que m’est le monde entier aujourd’hui ?… Le voilà qui s’évanouit comme une fumée… jour, nuit, soleil, pluie, ce m’est tout un ; mes regards sont fixés sur le jour éternel. La souffrance est devenue mon repos. Jamais mes nuits ne s’écoulent plus doucement que lorsque je les passe dans la veille et le