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ÉLISABETH SETON

blessures, chacune en son temps. Ce soupir d’un cœur affligé, ce gémissement qu’aucune oreille humaine n’a pu entendre, est écouté du Dieu du ciel ; cette larme silencieuse, inaperçue, dédaignée, est recueillie par lui. »


La vie apparaissait encore bien longue à l’aimable jeune fille. Cependant elle touchait au terme.

Trois mois après sa première communion, comme elle veillait tour à tour, sa sœur Cécilia, dont l’état était désespéré, et son jeune neveu, William Seton qu’on avait ramené très malade du collège Sainte-Marie, Harriet fut saisie d’un mal subit, violent, qui la jeta entre les bras de la mort :

« Mon Jésus, je souffre avec vous, s’écriait-elle dans ses moments lucides ; mon Jésus, vous savez que je crois en vous, que j’espère en vous, vous savez que je vous aime. » Sa mort, arriva le 22 décembre 1809.


XXI


Cette mort si inattendue porta un terrible coup à Élisabeth. Ses larmes ne tarissaient point. Pour comble de douleur, Cécilia ne pouvait tarder à suivre sa sœur.

« Elles m’étaient toutes deux beaucoup plus chères que moi-même, écrivait Élisabeth, et nous nous séparons. Cécilia va suivre Harriet très prochainement. Pour moi, c’est une angoisse qui menace d’amener la complète dissolution. »

C’est, pendant ces jours si douloureux pour elle que les Sœurs prirent, possession de leur maison. Elle était vaste, agréablement située, mais tout — même la chapelle — y était d’une primitive simplicité. « L’autel était bien pauvre, dit un témoin de la consécration. Il n’avait d’autre ornement qu’un tableau représentant Notre-Sei-