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ÉLISABETH SETON

Ainsi qu’il arrive presque toujours, l’argent donné pour fonder la communauté avait été employé à l’achat des terres, aux constructions, et les généreuses femmes eurent à endurer ce martyre de détail, qui se compose de tous les jeûnes, de toutes les privations.

« Mais, écrivait plus tard la mère Seton, les sœurs s’appliquaient à la mortification avec une ferveur si grande, qu’on trouvait le café au jus de carottes et la soupe au lait de beurre une nourriture trop délicate. »

Cette âpre pauvreté ne troublait point la mère Seton : elle y voyait au contraire une source de bénédictions.

Le jour de Noël, comme la communauté n’avait pour dîner que des harengs secs, quelques cuillérées de melasse et du pain de seigle : « Oh ! mes sœurs, s’écria-t-elle, heureuse d’avoir part à la pauvreté du Sauveur, aimons-le ! aimons-le ! Demeurons toujours prêtes à faire sa divine volonté. Il est notre Père ! quand nous serons dans l’éternité, nous saurons quel trésor il y avait dans les souffrances. »

Malgré la rude vie qu’on menait à Emmettsburg, beaucoup de postulantes ne tardèrent pas à s’y présenter.

« Que la Providence est admirable dans ses vues, écrivait M. de Cheverus à la fondatrice. Déjà je vois les chœurs nombreux des Vierges qui vous suivront à l’autel. Voici votre congrégation bénie, qui se propage dans toute la région des États-Unis ; elle répand au loin le parfum de Jésus-Christ. »

Il y a toujours par le monde des âmes capables de tous les héroïsmes, pourvu qu’elles trouvent un guide. M. de Cheverus le savait et Élisabeth en fit la douce et fortifiante expérience. Elle écrivait : » La perspective qui s’ouvre devant nous est vraiment céleste. Qui pourrait dire ce que j’apprends chaque jour de la piété de ces chères âmes qui ont mis toute leur joie dans la croix ? »

En attendant que leur couvent fût prêt à les recevoir, les Sœurs de Saint-Joseph habitaient, tout auprès, une petite