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ÉLISABETH SETON

ont déjà commencé de produire leur effet sur la conscience de tous ceux qui mettent à un plus haut prix le salut éternel que les intérêts terrestres. À l’égard de votre persévérance, je ne me sens aucune appréhension ; mais ma sollicitude est grande pour ceux qui, s’étant exclus volontairement, de l’enseignement que votre exemple leur donnerait si bien, se privent du pain de vie. En pensant à eux, toutefois, je me confie en la paternelle bonté de Dieu, auquel il est si facile d’écarter les obstacles et les ténèbres que l’erreur répand sur le chemin de ceux qu’il a élus.

« Tout ce que j’apprends et entends de vous accroît mon intérêt, mon respect et mon admiration. Mais gardez-vous de vous attribuer aucun mérite pour tout ce que vous avez fait. Ce qui est digne d’être loué en vous, dans l’ordre de la nature ou de la grâce, est un don de Dieu et lui appartient. Il serait au-dessous de la dignité d’une âme chrétienne, qui a médité souvent sur le désordre de l’orgueil, de s’attribuer une gloire qui n’appartient qu’à Dieu seul. »

« Je ne finirai pas sans vous dire que vous devrez compter sur moi en toute circonstance où il serait en mon pouvoir de m’employer pour vous ; et sans vous assurer que si vous aviez le moindre besoin de mes encouragements, ils ne vous feraient pas défaut pour vous aider à persévérer dans la constance que vous avez montrée au milieu de vos épreuves. »


XVII


Ces secours, ces encouragements pénétraient Mme Seton de reconnaissance. « En vérité, écrivait-elle,[1] c’est une chose singulière d’avoir le nom de persécutée et de jouir cependant des plus grandes douceurs ; d’être pauvre et misérable, et cependant riche et heureuse ; délaissée, aban-

  1. Lettre à Antonio Filicchi.