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ÉLISABETH SETON

Dès sa petite enfance, on put reconnaître qu’elle avait reçu le don redoutable de la sensibilité extrême. Sa tendresse pour son père touchait à l’adoration. Jamais il ne lui arriva de lui désobéir. Le désir de lui plaire lui donnait le courage de l’effort, de l’application soutenue. Heureux ceux qui commencent la vie avec le sentiment d’une vénération profonde.


II


Le docteur Bayley fit presque seul l’éducation de sa fille. Alors, aux États-Unis, les établissements d’éducation étaient loin d’offrir les mêmes avantages qu’aujourd’hui, et d’ailleurs, la guerre civile les avait presque tous fermés.

Cette glorieuse guerre de l’Indépendance dura sept ans ; et, pendant ces années d’alarmes et de périls, Richard Bayley, chirurgien de l’armée, trouva moyen de s’occuper assidûment de sa fille.

Élisabeth avait un esprit d’élite ; elle acquit vite une instruction remarquable. Son goût pour la lecture devint de bonne heure une passion. À quatorze ans, les beautés de la Bible et des grands poètes anglais la ravissaient. Mais le docteur Bayley savait que la supériorité d’une femme ne lui assure pas le bonheur. Au lieu d’exciter l’ardente intelligence de sa fille, il s’appliqua surtout à bien former son caractère, à fortifier sa volonté. Et si Élisabeth a été l’une des bienfaitrices de la grande et douloureuse famille humaine ; si elle a gravi d’un pas si ferme le sentier âpre, escarpé, le sentier des cimes, on peut affirmer que son éducation première y a beaucoup contribué.

L’église anglicane a plus gardé du catholicisme que toutes les autres sectes. Élisabeth en suivait les offices avec bonheur ; et on l’eût bien étonnée en lui apprenant que ce qu’elle goûtait surtout dans son culte venait de l’Église catholique.